L'espace d'un instant, ou d'une inspiration, je vois la naissance d'un céleste monde.
Mes yeux d'humains observent la grandeur de cette réalisation, et frémissent dans les détails de ses vivants atomes. La pyrotechnie muette, factrice de subtiles étincelles en astres de splendeur, le fracas sourd des matières agglomérées en milliers de terres et le voile noir anéchoïque étendu au delà des horizons, caressent mes oreilles, bourdonnantes, captives et isolées. Le spectacle, opérant hors du temps régulier, participe d'une danse dont je ne peux m'échapper ; elle me prend et me traverse et entraîne avec elle des clonies familières, résidus d'allégresse parsemée en tous points dans la chair de mon être, et des frissons ardents éloquents et loquaces incitant le mouvement à de plus amples discrétions.
L'excitation ainsi même relevée, mon visage se desserre et le sourire apparaît. Les lèvres, quoique pincées, libèrent alors au gré des secrets bien gardés, véritables dîner d'émotions dont les papilles chantent la gloire fabulée des arômes aspirés.
Par réflexe, dit-on, mais moins par automatisme commun pulmonaire que par instinct de survie à être présent à l'instant qui m'éblouit et dont je me refuse à en perdre ne serait-ce qu'une miette, je relâche mon rythme et j'expire mon heur d'un souffle apaisé.
Je voyage souvent de la sorte hors du temps - hors de moi, un moment je suis loin, aussi tôt je suis là. Il me faut pour cela un simple billet d'entrée et quelle promesse plus belle, plus poignante et parfaite que la perspective des sens éprouvés comme jamais par celle qui domine mes pensées !
C'est pas d'l'amour ça ! D'où t'as vu qu'on aimait les gens comme ça toi ? ...
Et tu me demandes pourquoi je t'aime ? La voilà bien étrange cette question ! Je t'aime voilà tout ...
Je me sens un peu comme un gamin devant un Happy Meal...