Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Manthrydomie

Manthrydomie

Juste des textes, des musiques, des poèmes, des citations, des gueulantes, et ... (je me relis rarement avant de publier... donc des fautes de français à faire pâlir la nouvelle scène musicale)


Les Dates

Publié par Ayana Amsa sur 5 Février 2016, 10:22am

Catégories : #Pensées, #Effort, #Regard

Le 11 Septembre, le 13 Novembre, le 7 Janvier, ... Il y a des dates qu'on n'oublie pas, que "personne" n'oublie.

Et puis, il y a des dates qu'on ne peut oublier tant le calendrier nous les impose : 24/25 Décembre, 31 Décembre/1er Janvier, 31 Octobre, 14 Février, ...

On se souvient toujours des dates importantes... le lendemain.

Léonard Rossiter

Il y a aussi des dates qu'on nous apprend dès notre plus jeune âge à retenir, ce sont les anniversaires. Le sien pour commencer. tous les ans tu deviens plus grand. Puis ceux de tes frères et sœur, de tes parents, de ta famille, de tes amis, ...

Dans la vie d’un homme, il y a deux dates importantes, celle de sa naissance et celle de sa mort. Tout ce qu’on fait entre ces deux dates n’a pas beaucoup d’importance.

Jacques Brel

Finalement on apprend des dates comme on apprend nos devoirs. Il nous faut retenir ces dates, les vénérer et les saluer. Elles sont le symbole de ... Bah je sais pas de quoi, mais en tout cas, on m'a appris qu'elles étaient importantes. Et quant bien même on ne sait pourquoi elles le sont, on continue à transmettre ce savoir tronqué, cette obligation évidente.

Le 4 Septembre. C'est l'anniversaire d'un fille, une femme à présent, avec qui j'étais collègue en classe de seconde. L'année ? Je ne m'en souviens plus, mais c'était l'année précédent les attentats du 11 Septembre.

(Voyez comme l'année exacte n'importe peu, on replace simplement dans le contexte...)

Et bien cette femme, bien qu'elle fût, objectivement, la plus belle femme qui m'ait été donné de côtoyer à cette époque, d'une gentillesse à toute épreuve et dotée d'un nom particulièrement exotique, aujourd'hui, son visage m'échappe, son nom se cache souvent dans les méandres de ma mémoire, et sa voix ne me revient que par impressions. Il m'est impossible de vous parler d'elle de façon que vous la figuriez clairement, si je vous en parle, elle sera votre interprétation, votre imagination de ce que je dis.

Le souvenir est un poète, n'en fais pas un historien.

Paul Géraldy

Et pourtant cette femme que je n'ai connue que l'espace d'une année scolaire, cette femme avec qui je n'ai parlé qu'une poignée de fois, cette femme qui me faisait me sentir petit tant elle était belle et moi timide et pataud, cette femme qui pour une raison que j'ai oublié m'indiqua un jour vers la fin de l'année la date de son anniversaire, cette femme dont je n'étais pas amoureux le moins du monde s'ancra dans ma mémoire bien plus que la personne pour qui j'avais des sentiments (cachés bien évidemment) à l'époque.
Cette femme, un jour, une fois, me dit son anniversaire, et depuis je ne l'ai plus jamais oublié !
Son anniversaire était le jour de notre rentrée scolaire. Et pourtant j'étais incapable de me souvenir de notre rentrée scolaire avant qu'elle me le rappelle. Mon cerveau a préféré se souvenir de ce couple d'informations plutôt que de se souvenir de la réalité de sa beauté, du nom de celle pour qui j'avais un penchant, ou de certaines données scolaires qui m'auraient été utiles en classe, ou dans ma vie professionnelle.

Dans les écoles, on apprend des quantités de dates de batailles ridicules, des noms d'anciens rois tout aussi absurdes... mais, de l'homme, on ne sait rien !

Hermann Hesse

Quand on est jeune, on se plaint si l'on est né le jour de noël, si notre anniversaire tombe un jour férié ou un dimanche, ou si deux dates se recoupent étonnamment. Mais lorsque l'on grandit, on s'aperçoit finalement que ce sont ces recoupement qui nous marquent.

  • Mon frère est né le 6 juin. Ce jour là c'était la fête des mères ! Manifestement il est né un Dimanche. Déjà chieur à l'époque.
  • Mes parents se sont mariés en mai, quelques longues années, jour pour jour, avant le décès de mon père.
  • Ma naissance est l'anniversaire du décès d'un Pape, de l'avènement d'un autre, de la naissance d'un troisième, de celle d'un Empereur, d'un séducteur, de l'inspirateur des Disney, d'un Aixois célèbre mondialement, d'un pionnier de l'aéronautique, d'un peintre, d'un chanteur, d'un comédien, ... Tant de nom, et finalement une seule date !

Notre mémoire des dates ne semble se résoudre qu'à retenir celles qui croisent en nous un nombre suffisamment important de données.

Le 11 Septembre, j'en croise plus que des 11 Septembre 2001, alors le 11 Septembre je le retiens plus aisément que le 2001. Mais des 11 j'en croise encore plus que des 11 Septembre.

Cela voudrait-il dire que pour que je retienne une date, il faut qu'elle fasse sens ?

  • Le 11 Septembre, c'était le début de l'année scolaire (ce n'est pas le cas toute l'année),
  • j'étais au café du coin (qui a fermé), à côté du Lycée,
  • à boire un petit noir (ce que je ne fais jamais),
  • et quand j'ai regardé la TV, le son était coupé et j'ai d'abord cru à une fiction ou un blague, à la manière d'un Orson Welles en 1938.

Ce sont tous ces petits détails qui font qu'une date fait sens, qu'elle me parle, qu'elle a de la valeur pour moi. Alors à ce moment, je la retiens, et j'agis en conséquences, je la célèbre ou la pleure, la chérit ou la répudie.

Combien respectent la naissance du Christ ! Combien respectent ces enseignements ! Je suppose qu’il est plus facile de se souvenir des dates de vacances que de commandements !

Benjamin Franklin

Et quel détail plus marquant qu'une émotion, un sentiment ou une sensation ?

Lorsque je suis sur scène, mes doigts courent sur ma guitare, mes jambes tapent le sol, mes muscles s'agitent, dansent le fox-trot ; mes yeux s'écarquillent face au public, à la guerre que se font les ombres et les lumières ; mes oreilles goûtent aux supplices et aux délices des sons servis par les enceintes et par les cris ; et ma bouche et mon nez se partagent le goût et l'odeur d'une corde qui se fatigue sous mes coups de médiators, de la sueur qui se répand sur moi, comme le plaisir de vivre cet instant, cet ensemble de sensations, envahit mon cœur et mon âme.

Si je ne peux dire avec certitude quelle est la date du Téléthon, je peux sans sourciller garantir qu'elle correspond à cette période où j'ai pris mon pied sur scène, au Portail Coucou, à salon de Provence, à l'occasion d'un concert à but lucratif.

Aujourd'hui, quand je vois une date se présenter, elle est vide de sens, elle est creuse. Et comme ce ballon de foot dans lequel j'avais tapé de toutes mes forces et qui, après avoir rebondi sur le mur, m'est revenu en pleine face quand j'étais gamin, les dates convenues me giflent comme une folle en soirée penserait que je lui ai mis la main aux fesses. Et tel un ovni elle traverse mon ciel me laissant dans l'expectative qu'un jour elle fera sens, qu'un jour elle me visitera moi, qu'elle élira séjour dans ma mémoire, et qu'elle passera du stade d'hypothétique et mythique date convenue à la mémorable et magique tant bien que réelle date personnelle.

Aujourd'hui, je ne crois pas aux extraterrestres, tout comme je ne crois pas qu'ils n'existent pas.

Aujourd'hui, je sais simplement qu'ils existent pour d'autres, mais pas chez moi. Alors, lorsque une date s'approche, je perds l'illusion que l'on m'a vendue toute ma vie, et désenchanté ou désabusé, voire blasé et aigri m'interroge sur les raisons et le comportement de ceux qui promotionnent ces jours là sans être capable d'indiquer de façon simple et vraie (comprendre personnelle) ce qui importe tant là dedans.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents